> Georges Lebas
Les présidents des Amys du Vieux Dieppe de 1912 à nos jours
2ème Président des Amys du Vieux Dieppe, de 1922 à 1925
Ancien Directeur du journal « L’Impartial », Bibliothécaire, Conservateur du Musée, ancien Président de la Commission des Hospices, des Amys du Vieux Dieppe, de la Musique Municipale (1904-1912), de l’Union Vélocipédique dieppoise, Georges Lebas (1862-1934) fut aussi l’auteur de plusieurs revues et de romans, d’études historiques, de poésies. Il s’intéressait à tout, trouvait partout quelque chose à remarquer, à utiliser et à encourager. Il savait donner une valeur aux plus humbles choses.
Après sa mort arrivée en janvier 1934, ses nombreux amis n’oublièrent jamais ni le bon sourire, ni la poignée de main cordiale à chaque rencontre. Georges Lebas a laissé d’autre part sa marque, notamment au Vieux Château devenu grâce à lui, l’un des musées de province les plus attrayants. Des fenêtres de son vieux château, forteresse de notre histoire locale, entre ses portulans et ses ivoires jaunis, il aimait contempler sa ville natale, ses clochers, l’alignement de ses quais et la courbe de son rivage, les reflets changeants du ciel et de la mer et là-bas, vers la forêt d’Arques, les lignes verdoyantes de la campagne normande…
C’est à Dieppe, le 12 janvier 1862, qu’il arriva au foyer de ses parents, au n° 5 rue Duquesne, dans un logement de l’Hôtel de la Gendarmerie, car son père était gendarme à pied à cette résidence. Son père, Jean Baptiste Guillaume Lebas, s’était marié à Vadencourt, dans la Somme, le 3 septembre 1859, avec Constance Euphigénie Callé, sans profession. L’enfant reçut les prénoms de Georges Jean-Baptiste.
Il fit ses études au Collège Jehan Ango et commença à publier ses premiers vers à l’âge de 22 ans. Son service militaire accompli à l’Etat-Major du 3ème Corps d’Armée, il fit ses débuts de journaliste à Rouen, « A la Cloche d’Argent », et entrait en 1888 au journal dieppois « L’Impartial ». L’année d’après, il achetait le journal (créé en 1876, le premier numéro étant paru en 1877, au temps des Lebon, Martin, Réville et autres), et l’Imprimerie Centrale, 113 Grande Rue et dirigea l’ensemble jusqu’en 1913. Entre temps, en 1895, il fit l’acquisition de l’Imprimerie Délevoye, 7 rue des Tribunaux (rue Victor Hugo actuelle), et il y transféra l’Imprimerie Centrale et l’Impartial. Pendant 25 années il nota au jour le jour dans l’Impartial tous les faits pouvant servir à l’histoire de la Cité. Les historiens d’aujourd’hui y puisent dans des récits très fidèlement relatés.
C’était aussi un sportif. Il créa, vers 1890, l’Union Vélocipédique dieppoise, pour organiser avec beaucoup de succès des randonnées chaque dimanche.
Au Conseil Municipal, de 1904 à 1913, il fut chaque année le rapporteur des budgets de la ville.
Il fut encore Vice-Président ordonnateur des Hospices de 1910 à 1929, Directeur de la Bibliothèque municipale (arrêté municipal du 7 janvier 1913), puis Conservateur-adjoint du Musée (arrêté préfectoral du 9 mai 1914), Ambroise Milet étant alors Conservateur. Ce dernier mourut en 1916, et Georges Lebas le remplaça (arrêté préfectoral du 2 février 1921).
C’est Georges Lebas qui procéda en 1923 au transfert du Musée dans les salles et tours du vieux château. Il mit les riches collections en valeur, et l’on s’en rendit rapidement compte par le nombre annuel de visiteurs qui passa de 1.200 à 45.000, ce qui fit élever rapidement le montant de la recette des entrées de 1.000 f. à 32.000 f.
Ne fut-il pas aussi Vice-Président puis Président du Comité des Grandes Fêtes à Dieppe, de 1897 à 1910. C’est lui qui organisa la première bataille de fleurs, participa, aux côtés de Camille Coche, à l’organisation des courses automobiles Paris-Dieppe en 1897, des circuits automobiles de 1907, 1908 et 1912, etc.
Dès la fondation, en 1912, de l’Association des « Amys du Vieux Dieppe », il siégea au Conseil d’Administration. Il fut ensuite élu à la Présidence de 1922 à 1925, et devenait ensuite Président honoraire avec Camille Coche. Il se montra un ardent défenseur du patrimoine dieppois. Citons un exemple : En 1911, une vieille maison de bois est abattue, à l’angle des rues d’Ecosse et de la Petite Chasse. Vers 1922, il apprend que les autres, à côté, risquent aussi de disparaître pour une sortie du garage Laffilé-Delbos, dont la principale entrée se trouvait quai Bérigny (aujourd’hui boulevard de Gaulle). Dans une correspondance de la Municipalité de l’époque au Sous-Préfet, nous relevons ceci, signé de Bénoni Ropert, adjoint :
« …Georges Lebas, Président des Amys du Vieux Dieppe, signale que cette association émet le voeu dans sa dernière assemblée, de voir la ville en faire l’acquisition si possible. De son côté, la société des « Amys du Vieux Dieppe » accepterait de prendre à loyer partie dudit immeuble. Elle s’y aménagerait un local pour ses réunions et ses conférences et s’efforcerait de le transformer peu à peu en un musée archéologique dieppois, imitant ainsi les sociétés des Amis du Vieux Fécamp et du Vieux Honfleur ».
En 2002, la situation n’a guère changé. Les « Amys du Vieux Dieppe » qui souhaitent que leur association soit « Reconnue d’Utilité Publique » en esperent aussi disposer, un jour ou l’autre, d’un local comme l’exprimait Georges Lebas.
C’est sur sa pression que cet ensemble d’immeubles fut classé. Malheureusement, le 21 mai 1940, un bombardement aérien allemand détruisit les habitations à l’angle des rues d’Ecosse et Descroizilles. Il ne reste plus que les façades (de 1624), du garage donnant rue d’Ecosse, les seules façades que nous ayons encore à Dieppe et qu’il faut protéger à tout prix.
A 35 ans, Georges Lebas était nommé Officier d’Académie, Officier de l’Instruction publique à 40 ans, et le 31 octobre 1920, il recevait la Légion d’Honneur. Il était depuis 1905 membre de la société des Gens de Lettres, des Auteurs et Compositeurs de Musique, de la Presse Républicaine départementale, de la Presse de Normandie, et de la Commission départementale des Antiquités, de l’Amicale des Anciens Elèves du Collège Jehan Ango, correspondant de l’Académie de Rouen, etc.
Claude Féron