> Henri Cahingt
Les présidents des Amys du Vieux Dieppe de 1912 à nos jours
6ème Président des Amys du Vieux Dieppe, de 1981 à 1990
Le Président des « Amys du Vieux Dieppe », Henri Cahingt (1904-1996), fut aussi une figure dieppoise honorablement connue et estimée. Ne consacra-t-il pas 50 années de sa vie au service de l’Etat dont 38 au service de la Justice, comme juge ? Mais il fit encore plus pour l’archéologie navale, l’histoire locale et régionale, une véritable passion innée.
D’abord, depuis plus de160 ans, la famille Cahingt n’est-elle pas liée à l’archéologie et à l’histoire de notre région ? On ne pouvait séparer les trois personnages dans cet hommage. Ne faut-il pas remonter à Paul-Henri Cahingt (1825-1904), élève du collège de Dieppe, qui vécut à Londinières en archéologue, et fut un savant collaborateur de l’abbé Cochet. Les études historiques le passionnèrent et dès son retour à Londinières en 1840, après la découverte des premières sépultures mérovingiennes dans le cimetière de cette localité, il reprit contact avec l’abbé Cochet qui avait été son aumônier au collège de Dieppe, et auquel il remit des objets trouvés à Londinières. Il devint très actif auprès de l’abbé Cochet, et cette collaboration assidue dura jusqu’à la mort du savant antiquaire, à Rouen, en 1875. Paul-Henri Cahingt laissa deux fils historiens et archéologues comme lui :
d’abord, Henri Cahingt, né à Londinières en 1856, qui devint professeur au collège de Dieppe, tout en étant le filleul de l’Abbé Cochet et membre de la Commission Départementale des Antiquités ;
et Léon Cahingt, né à Londinières en 1857, filleul de Louis Cousin-Despréaux, petit-fils de l’écrivain dieppois du XVIIIème siècle. Il mourut en 1942, à Londinières.
Henri Cahingt (1856-1943), professeur au collège de Dieppe, mourut pendant la guerre, le 8 décembre 1943, à Londinières, dans la maison familiale où il était né. André Boudier, qui le connaissait bien, ne manqua pas d’en faire une nécrologie dans la presse locale. Une figure dieppoise qu’ont particulièrement connue tous nos concitoyens à l’époque et surtout les habitués de la Bibliothèque Municipale.Il fit partie des « Amys du Vieux Dieppe » et fut membre du Conseil d’Administration dès la première heure, en 1912. Sa bibliographie est considérable. Il vint souvent compulser à Dieppe, avec ferveur, les archives et les documents conservés à la Bibliothèque Municipale. On est aujourd’hui surpris de constater l’étendue et l’importance des recherches historiques de ce savant.
Sur l’Hôtel-Dieu, sur la colonisation et l’établissement des religieuses dieppoises au Canada, sur la Guadeloupe et les Antilles, sur la manufacture des tabacs, nos anciennes maisons, le vieux château, nos vieilles églises dieppoises ou celles de l’arrondissement et leurs richesses artistiques, sur les expéditions de nos corsaires, de nos navigateurs, de nos découvreurs de terres nouvelles, le professeur du Collège fit d’intéressantes et originales communications, ou rédigea de curieux mémoires. Les actes du tabellionage local du XVIIème siècle, les registres de l’Amirauté qu’il découvrit, n’avaient pas de secrets pour lui. Il s’intéressa beaucoup aux graffiti marins, et particulièrement de navires découverts en l’église Saint-Jacques et ailleurs. Il n’hésitait pas d’autre part à communiquer volontiers à ses amis le résultat de ses travaux.
André Boudier se souvient bien de lui quand il venait souvent travailler à la Bibliothèque Municipale. Nombreux encore furent les dons, à diverses reprises, de manuscrits (et entre autres, l’on pense ici au fameux « Manuscrit dit : du Pollet », gravures ou ouvrages précieux. Au Musée de Dieppe et à celui des Antiquités de Rouen, il offrit de nombreuses pièces archéologiques).
Quant au Président des « Amys du Vieux Dieppe », Henri Cahingt, son fils, il ne pouvait que poursuivre la voie tracée par son père et son grand père.
Henri Cahingt, né en novembre 1904 d’un père professeur au collège Jehan Ango, alors quai Henri IV, aimait souvent à rappeler qu’il avait vu le jour sur l’emplacement de la belle demeure de Jehan Ango, la « Pensée », sur le « Grand Quay » et que, dans la vieille chapelle des Pères Oratoriens, il avait appris à lire. Henri Cahingt passa sa licence de droit pour devenir magistrat à Dieppe jusqu’en 1974, année où il est nommé juge honoraire.
Il devient membre du Conseil d’Administration des Amys du Vieux Dieppe, à la reprise, en 1945, après la guerre, puis secrétaire en 1947 et en 1948, trésorier en 1949 et en 1950, Vice-Président de 1951 à 1980, et Président de 1981 à 1990.
Pour les importantes festivités dieppoises des années 1950, il avait écrit le scénario de « Jehan Ango et les Jardins de la mer », pièce maîtresse de la quinzaine commerciale de 1951 ; puis encore, « La Chronique de Charles Desmarets », pour celle de 1952. Il est l’auteur, entre autres, d’une savante étude sur « La Flotte de Jehan Ango » avec des reconstitutions de navires des XVIème et XVIIème siècles que l’on connaissait assez mal.
En 1953, il est nommé par le Préfet membre de la Commission Départementale des Antiquités, puis en 1979 il devient membre de l’Académie des Sciences et Belles Lettres de Rouen. Le 19 décembre 1987, le Conseil d’Administration des « Amys du Vieux Dieppe » organise dans les salons de l’hôtel Windsor, boulevard de Verdun, la cérémonie de remise de la Croix d’Officier dans l’Ordre National du Mérite, à leur Président. De nombreuses personnalités assistèrent à cette cérémonie en dehors de l’ensemble du conseil d’administration. Le Vice-Président, Michel Fécamp, devait rappeler la vie exemplaire de Henri Cahingt, sa passion pour tout ce qui touche l’histoire. Les « Amys du Vieux Dieppe » sont réjouis d’avoir choisi comme « berger entraînant le troupeau, Henri Cahingt ». Et nous ne pouvons passer sous silence la conclusion de Michel Fécamp : « …j’aurais aimé que tous les Amys du Vieux Dieppe (Amis du Musée et Amis du Fonds ancien compris) se trouvassent autour de vous aujourd’hui, mais vous avez désiré que cette manifestation soit simple, discrète, j’oserai dire à l’image de votre personnalité. Alors, nous nous sommes inclinés avec regrets, mais avec discipline ».
Henri Cahingt reprit savamment en mains les dossiers des graffiti laissés par son père. Alors, on put admirer les empreintes de ces graffiti lors d’une exposition exceptionnelle et remarquable, en 1990, au Château-Musée, quelques mois avant de se retirer de la Présidence.
Mais le 4 novembre 1994, le Conseil d’Administration se déplaça chez lui, à Neuville-lès-Dieppe, pour lui offrir le gâteau de ses 90 ans.
Henri Cahingt, homme distingué aux qualités humaines reconnues, devait mourir en 1996; ses obsèques religieuses eurent lieu le 9 août en l’église Saint-Aubin de Neuville-lès-Dieppe.