> Maurice Duteurtre
Les présidents des Amys du Vieux Dieppe de 1912 à nos jours
8ème Président des Amys du Vieux Dieppe, de 1991 à 2008
A Dieppe, qui ne connaît pas la haute silhouette de notre Président, Maurice Duteurtre ?
D’une démarche pas très rapide, il parcourt les rues dieppoises, les quais, quelquefois, mais de moins en moins, les sentiers de nos falaises, jetant toujours, ici et là, un oeil discret mais sûr, sur tout ce qu’il soupçonne d’être un élément de notre patrimoine ou en passe de le devenir.
Il surveille aussi tout ce qui bouge, sait-on jamais ?
Car tout l’intéresse, les escaliers anciens de bois sculpté, à l’intérieur comme à l’extérieur, ceux aussi en fer forgé datant de l’ancien régime, les vieux balcons de fer forgé d’avant la Révolution. Il y en a beaucoup à Dieppe et de toute beauté, un recensement d’ailleurs est en cours par les « Amys du Vieux Dieppe ». Le patrimoine est des plus vastes en notre ville, et celui maritime n’est pas à négliger, telle cette grue de 1860, installée en bordure du quai du Tonkin, et qui ne sait sous quelle protection se mettre.
Les anciens noms de nos rues, encore inscrits sur de vieilles pierres blanches, les rues Neuve, de l’Oranger, de la Haute Boucherie, d’Ecosse, du Chesne Percé, de l’Ancienne Poissonnerie, du Boeuf, etc., ne doivent-ils pas eux-aussi, être protégés non seulement du temps mais encore des hommes ?
Maurice Duteurtre est né le 18 septembre 1924, à Fresles, au château du Haut de Fresles, aujourd’hui disparu, et non loin de Mesnières, dans le canton de Neufchâtel-en-Bray. Ses parents étaient exploitants agricoles jusqu’en 1929, date à laquelle ils vinrent habiter Dieppe où son père, alors, prit des parts dans une société d’Armement à la Pêche, avec Bergeret (Chalutier LA RAFALE).
Après des études dieppoises, d’abord à l’école Richard Simon, puis au collège Jehan Ango, Maurice Duteurtre commença à travailler en 1945, en l’étude de Maître Henri Godefroy, avoué à Dieppe, pour devenir son principal clerc, puis ensuite, chez son successeur, Maître Claude Dulière.
En juillet 1957, à Dieppe, il se mariait avec Thérèse Obot, et bientôt deux enfants, François et Simon, vinrent enrichir le foyer.
A partir de 1956, toujours aussi discret, notre Président se faisait connaître par des animations audio-visuelles. On se souvient d’un excellent reportage en 1957, « Sur les routes de Turquie », qu’il fit avec Jean-Paul Duguay, et que tous deux présentèrent à l’Université Populaire. Ni l’un, ni l’autre, ne se targuent d’être des explorateurs, mais néanmoins ce récit de voyage marqua dans la mémoire de certains Dieppois.
Il participa à la fondation de la Société d’Horticulture de l’arrondissement de Dieppe et « des Amis des Fleurs », et fut l’une « des chevilles ouvrières les plus actives » au temps du Président Henri Godefroy. La médaille de Chevalier du Mérite Agricole lui a été décernée en 1979, puis la Croix d’Officier du même Ordre, en 1995.
Devenu Vice-Président des Amis des Fleurs, il n’a jamais cessé d’apporter à cette Société son précieux concours. Il poursuivit ainsi, par voie de conférences ou de montages audio-visuels, et se fit apprécier au cours d’agréables soirées.
Le 1er janvier 1987, Maurice Duteurtre prenait sa retraite, mais il ne faut pas croire qu’il allait s’ennuyer, bien au contraire!
Maurice Duteurtre fut aussi vice-président de la Société Philatélique en animant la section cartophile ; il est trésorier de la Fondation de l’Ecole d’Apprentissage des Dentelles et de Couture de notre ville ; ne fut-il pas encore le secrétaire de « Dieppe, Ville du Souvenir Canadien » ?
Président du Photo-Ciné-Club dieppois pendant des années, il fut l’un de ceux qui s’intéressaient particulièrement aux cartes postales, en particulier de Georges Marchand, et à d’autres éditeurs en général. Il en fit même, en février 1964, un montage reconstituant « un voyage à Dieppe en 1900 », dont il sut faire profiter ses proches.
En dehors de quelques personnes, qui à l’époque, en voyant en vitrines ces anciennes et remarquables cartes postales sur le Dieppe d’autrefois, aurait pu imaginer que des collectionneurs avertis soient intéressés ? Qui aurait osé en 1964, examiner ces cartes dans le détail ? Il n’est certes pas le seul mais Maurice Duteurtre, passionné en plus de cinéma, allait se faire mieux connaître encore.
De secrétaire-adjoint des « Amys du Vieux Dieppe » en 1981, il est élu Président en 1991 à l’unanimité des membres du Conseil d’Administration.
Maurice Duteurtre allait alors avec son secrétaire général, Claude Féron, élargir les activités de l’Association avec beaucoup plus de conférences, des sorties archéologiques et historiques, dans le Sussex (un beau succès), à Reims où nous avons salué Christian Lécaille et visité, sous sa direction, les travaux des Monuments Historiques, visité aussi des musées, des carrières plus ou moins anciennes mais intéressantes, la Cité de Limes à Bracquemont, Fécamp, Abbeville et Amiens, des châteaux du pays de Caux, les travaux des Monuments Historiques à Harfleur, Montivilliers, à Valmont et à Veules-les-Roses, (sous la conduite de Christophe Bennegen, Directeur de Normandie-Rénovation), à Honfleur, les églises et les châteaux de la vallée de la Béthune, et beaucoup d’autres sorties.
Une nouveauté : La « Lettre des Amis du Musée » (La Caisse d’Épargne Ecureuil étant notre partenaire), est apparue à raison de deux par an, et ce sera prochainement la 4ème. La « Journée des Amys » a été fondée en 1992, et depuis elle a régulièrement lieu en novembre, chaque année, et connaît le succès. Le bulletin annuel s’est enrichi en pagination, et quelquefois il y a deux parutions la même année. Pour la première fois, une pierre tombale surmontée d’un buste de bronze, rappelant le souvenir du célèbre musicien Nicou-Choron, qui vécut et finit ses jours à Dieppe à la fin du XIXème siècle, a été sauvée par les soins des A.V.D.
Plusieurs interventions aussi eurent lieu à propos de subventions importantes à obtenir, nécessaires aux travaux de nos églises Saint-Jacques et Saint-Remy, l’établissement d’une Convention entre la Ville et notre Association à propos de la gestion de la « Boutique du Musée » et de certaines expositions temporaires, etc. Ceci pour rappeler qu’en 1991 nous étions 206 membres, et que, en raison de toutes ces activités importantes, notre Association est aujourd’hui forte de plus de 530 membres, soit une augmentation en effectif de 300 adhérents en dix années.
Nous avons accueilli parmi les membres du Conseil d’Administration Christelle Morin, animatrice compétente de « Dieppe, Ville d’Art et d’Histoire ». Tous nos travaux, nos réunions, se déroulent toujours dans une ambiance excellente. Notre trésorier, Gérard Dagicour, avec de plus en plus de travail aussi, a trouvé une adjointe efficace pour l’aider. C’est elle qui maintenant assure la gestion complète des cotisations en harmonie avec le Trésorier.
On peut dire qu’actuellement, notre Association se développe et prend de l’extension, participant de plus en plus aux réunions extérieures, aux Congrès se déroulant en Normandie, et ceci grâce à Gérard Bignot.
Des membres A.V.D. deviennent aussi des auteurs d’ouvrages, ne serait-ce que celui concernant Graillon, édité par « Les Amys du Vieux Dieppe » . D’autres ouvrages devraient suivre pour ne penser qu’aux Balcons en fer forgé de Dieppe, des XVIIème et XVIIIème siècles. Nous pensons aussi que le livre de Simona Packenham, « Pigtails and Pernod », en cours de traduction, devrait paraître prochainement en langue française. Un ouvrage encore fort attendu.
Sur le bureau, les dossiers ouverts sont ceux du Théâtre Municipal, toujours d’actualité et à ne pas perdre de vue ; ceux du recensement des Balcons dieppois en fer forgé ; dossier pour sauver la vieille maison, ou plutôt l’unique façade de 1624, rue d’Ecosse ; dossier pour la demande de « Reconnaissance d’Utilité Publique » de notre Association, dossier bien ficelé qui pourrait aboutir en 2003 ou 2004, grâce à Maître Paul Munch ; dossier encore sur le recensement de notre patrimoine local pour le moment, avec photos et texte pour chaque monument et autres, armoiries, plaques avec inscriptions anciennes, sculptures, statues, oeuvres d’art, ex-voto de rues et d’églises, etc. Ce recensement vient seulement d’être commencé grâce à de bonnes volontés. Donc, encore beaucoup de travaux en perspective.
Maurice Duteurtre, qui est aussi membre correspondant de l’Académie de Rouen, disait un jour : « Nous faisons partie de ces gens bizarres qui s'intéressent à des choses ou à des gens disparus. A quoi ça sert pour l’avenir de notre Cité » ?
Le culte qu’il voue au souvenir du passé de notre ville, à ses richesses, le conduisit, il va de soi, aux Amys du Vieux Dieppe, et lorsqu’il fut élu Président, de dire, certes avec une certaine modestie : « Je ne suis pas très à l’aise de prendre le relais de gens illustres. » En attendant, il est assis dans le « grand fauteuil » et nous trouvons tous qu’il y est bien.